...Gérard Mortier a occupé les plus grandes fonctions dans le monde de
l’opéra. Il fut un créateur infatigable, un innovateur, un agitateur
d’idées, un humaniste à l’immense culture, un grand défenseur de l’idée
européenne et du rôle des artistes, un pourfendeur des nationalismes.
Avec ce décès, non seulement la Belgique, mais l’Europe, voire les États-Unis (il fut pressenti à New York), perd un des acteurs les plus
importants de sa vie artistique depuis trente ans. Il était un
révolutionnaire dans le meilleur sens du terme, un agitateur d’idées, un
bâtisseur de cathédrales, un grand humaniste. Chacun qui le rencontrait
sortait grandi d’avoir discuté avec lui, de l’avoir écouté quand il
ouvrait grandes les portes de l’art, de l’histoire, de l’imagination, de
la création, de l’audace...
Extrait de l'article de Guy Duplat dans La Libre (9 mars 2014) : Gérard Mortier, mort d’un bâtisseur de cathédrales
Les a priori existent partout. J’ai lu dans la
presse madrilène que je suis un terroriste de la modernité. Qu’est-ce à
dire ?... Retournons à Baudelaire : la modernité consiste à se
remettre constamment en question, être toujours à la recherche des courants de
l’art qui précèdent ou suivent ceux de la société et leur donner une chance. Je
ne m’autoproclame pas moderne, ce sont les autres qui le disent.
Extrait d'une interview parue dans le journal La Croix, en 2010
Cette révolution de l'opéra est née dans un creuset multidisciplinaire qu'a mis en place Gérard Mortier, au travers de collaborations spectaculaires, inattendues, innovantes (et parfois très onéreuses) avec les grands artistes d'aujourd'hui, issus de la musique mais aussi d'autres champs de la création, comme le cinéma avec Michael Haneke (
Don Giovanni en 2006). Nous retiendrons ici quelques grandes collaborations avec des plasticiens comme les Kabakov, Bill Viola, Anselm Kiefer, Chiharu Shiota ou Marina Abramovic.
En 2009,
"Am Anfang" (Au commencement), dans la mise en scène et les décors d'Anselm Kiefer (issus de Monumenta ). Commande de Gérard Mortier pour les 20 ans de l’opéra Bastille et son départ. Photo Le Figaro.
"
Tristan und Isolde" (Richard Wagner) mis en scène à l'Opéra de Paris par Peter Sellars dans une scénographie de Bill Viola (2005). Photo : DR
La coupole, élément central de la mise en scène et installation d’Emilia et Ilya Kabakov, au milieu des gradins du Madrid Arena pour le
Saint François d’Assise d'Olivier Messiaen. (2011) (Photo?) Il existe une création antérieure de cet opéra par Gérard Mortier au Festival de Salzbourg, avec une mise en scène tout aussi spectaculaire par Peter Sellars (1992).
"Matsukaze", un opéra de Toshio Hosokawa présené en 2011 à la Monnaie, avec la participation de l'artiste Chiharu Shiota. Photo Johan Jacobs. Nous en avions déjà parlé dans
SCULPTURE.
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Rappelons qu'un des gestes emblématiques de Gérard Mortier à la Monnaie de Bruxelles, fut le "relooking" de l'entrée de l'opéra par Sol Lewitt (pavement) et Sam Francis (plafond).
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Pour en savoir plus :
http://brunoserrou.blogspot.be/2014/03/gerard-mortier-est-mort-dans-la-nuit-de.html
Une de ses dernières interview accordée au New York Times en février 2014 :
Feisty Opera Impresario Regrets Lost Opportunity / Gerard Mortier, in Rare Interview, Weighs His Recent Past