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10 mars 2014

Gérard Mortier, le creuset de l'art contemporain



...Gérard Mortier a occupé les plus grandes fonctions dans le monde de l’opéra. Il fut un créateur infatigable, un innovateur, un agitateur d’idées, un humaniste à l’immense culture, un grand défenseur de l’idée européenne et du rôle des artistes, un pourfendeur des nationalismes.
Avec ce décès, non seulement la Belgique, mais l’Europe, voire les États-Unis (il fut pressenti à New York), perd un des acteurs les plus importants de sa vie artistique depuis trente ans. Il était un révolutionnaire dans le meilleur sens du terme, un agitateur d’idées, un bâtisseur de cathédrales, un grand humaniste. Chacun qui le rencontrait sortait grandi d’avoir discuté avec lui, de l’avoir écouté quand il ouvrait grandes les portes de l’art, de l’histoire, de l’imagination, de la création, de l’audace...
 Extrait de l'article de Guy Duplat dans La Libre (9 mars 2014) : Gérard Mortier, mort d’un bâtisseur de cathédrales

Les a priori existent partout. J’ai lu dans la presse madrilène que je suis un terroriste de la modernité. Qu’est-ce à dire ?... Retournons à Baudelaire : la modernité consiste à se remettre constamment en question, être toujours à la recherche des courants de l’art qui précèdent ou suivent ceux de la société et leur donner une chance. Je ne m’autoproclame pas moderne, ce sont les autres qui le disent.
Extrait d'une interview parue dans le journal La Croix, en 2010


Cette révolution de l'opéra est née dans un creuset multidisciplinaire qu'a mis en place Gérard Mortier, au travers de collaborations spectaculaires, inattendues, innovantes (et parfois très onéreuses) avec les grands artistes d'aujourd'hui, issus de la musique mais aussi d'autres champs de la création, comme le cinéma avec Michael Haneke (Don Giovanni en 2006). Nous retiendrons ici quelques grandes collaborations avec des plasticiens comme les Kabakov, Bill Viola, Anselm Kiefer,  Chiharu Shiota ou Marina Abramovic.

En 2009, "Am Anfang" (Au commencement), dans la mise en scène et les décors d'Anselm Kiefer (issus de Monumenta ). Commande de Gérard Mortier pour les 20 ans de l’opéra Bastille et son départ. Photo Le Figaro.

"Tristan und Isolde" (Richard Wagner) mis en scène à l'Opéra de Paris par Peter Sellars dans une scénographie de Bill Viola (2005). Photo : DR



La coupole, élément central de la mise en scène et installation d’Emilia et Ilya Kabakov, au milieu des gradins du Madrid Arena pour le Saint François d’Assise d'Olivier Messiaen. (2011) (Photo?) Il existe une création antérieure de cet opéra par Gérard Mortier au Festival de Salzbourg, avec une mise en scène tout aussi spectaculaire par Peter Sellars (1992).


"Matsukaze", un opéra de Toshio Hosokawa présené en 2011 à la Monnaie, avec la participation de l'artiste Chiharu Shiota. Photo Johan Jacobs. Nous en avions déjà parlé dans SCULPTURE.

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Rappelons qu'un des gestes emblématiques de Gérard Mortier à la Monnaie de Bruxelles, fut le "relooking" de l'entrée de l'opéra par Sol Lewitt (pavement) et Sam Francis (plafond).


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Pour en savoir plus : http://brunoserrou.blogspot.be/2014/03/gerard-mortier-est-mort-dans-la-nuit-de.html
Une de ses dernières interview accordée au New York Times en février 2014 : Feisty Opera Impresario Regrets Lost Opportunity / Gerard Mortier, in Rare Interview, Weighs His Recent Past
 

20 janvier 2014

Du spirituel dans l'art contemporain : Beuys, ORLAN, James Turrell, Maurizio Cattelan, Andres Serrano, Ana Mendieta, Marina Abramovic ...

De nombreux artistes contemporains touchent au domaine du spirituel au travers de leurs créations. Cet intérêt prend les formes les plus variées, allant de la citation plus ou moins littérale de textes sacrés issus des "grandes religions", à des "pratiques fétichistes" qui relèvent du chamanisme, de l'occultisme ou de l’anthropologie plus ou moins assimilés, en passant par diverses attitudes syncrétiques, œcuméniques, néopaganistes...voire  une "mythologie individuelle" (Beuys). Ainsi naissent des mots, des images, des objets et des nouveaux lieux voués aux cultes...


Joseph Beuys, " I like America and America likes me" (1974).© 2013 The Milanese

Des artistes comme Beuys développent des pratiques qui relèvent du chamanisme, avec des objets, des lieux et des performances où le matériau fait sens. On y associera Anselm Kiefer avec ses références aux textes sacrés (même les plus hermétiques, comme la kabbale) et utilisant des matériaux "sacralisés", comme le plomb des toitures de la cathédrale de Cologne. Les performances (sacrifices?) de Ana Mendieta ou Marina Abramovic relèvent également de rituels païens où Éros et Thanatos se rejoignent.


 James Turrell, Roden Crater, Aqua De Luz, Tixcacaltuyub, Yucatan, Copyright James Turrell, Photo by Ed Krupp.

Ne peut-on considérer que certains artistes qui relèvent du landart, comme Walter De Maria, Andy Goldsworthy ou James Turrell , "communient" avec la nature, créent ce que l'on pourrait appeler des "interfaces sacrés" entre les hommes et (les) dieu(x) : ainsi, le Lightning Field, Les Refuges d'art ou le Roden Crater...


Dans l'art contemporain, d'autres artistes prennent une position critique par rapport aux grandes religions comme le catholicisme, souvent avec humour, mais aussi parfois avec férocité, ainsi ORLAN ou Maurizio Cattelan. Partageant cette attitude, Andres Serrano, a fait (encore récemment) scandale avec son Piss Christ (1987) : il a photographié des effets de lumières créés par un crucifix trempé dans l’urine (la sienne); il y a cependant divergence d'avis : d'autres articles parlent d'éosine... ce qui est beaucoup plus hygiénique!

Maurizio Cattelan,"La Nona ora" (1999). Résine polyester, cheveux naturels, accessoires, pierre, moquette. Dimensions variables selon l'espace. Photograph: Attilio Maranzano. Courtesy Galerie Perrotin

Alors que certains plasticiens s'attaquent occasionnellement à des thèmes du domaine religieux (l'exposition "Babel"par exemple), des artiste comme Sarkis, relèvent véritablement de l'art sacré proprement dit, en incorporant ses codes et ses lieux.


Dans "SCULPTURE", de nombreux posts parlent de ces artistes qui touchent au spirituel:


Dans le désordre, quelques "trouvailles" sur ce thème...

Trouvé sur le site Protestantisme et images.com, le travail de Sylvie Lander pour l’église St-Pierre-le-Jeune à Strasbourg (été 2010). Lire également un ensemble d'articles intéressants à propos de la question du spirituel dans l'art contemporain, dont "Le spirituel dans l’art contemporain, Ruptures et convergences", un article de Jérôme Cottin.

 "Une cuve d’or, épousant la forme humaine, emplie d’eau claire, est incrustée dans le sol. Absence du corps, au cœur de la matière, naissance et mort, passage, transformation, circulation, présence du ciel à toucher dans l’obscurité minérale qui invite à entrer en résonance avec la danse immobile des étoiles."


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Dans le cadre de l'exposition "Lost in Paradise" (novembre 2012), au Loft Sévigné "Idris Khan (Pakistan/Royaume-Uni) propose une œuvre multiple qui se nourrit de sa formation musulmane dans les écoles coraniques du Pakistan qu’il a fui. L’apprentissage par cœur des sourates du Coran sans les comprendre est ici fortement traduit par un procédé photographique très spécifique et mystérieux qui consiste à superposer à l’infini des vers de Milton, Paradise Lost. Organisés diversement dans des montages photographiques ou une sculpture, ils deviennent illisibles, aussi incompréhensible que dans le souvenir d’enfance de l’artiste. Mais l’artiste adulte a totalement structuré : la rigueur extrême de la composition pour dire la confusion des origines ! Il propose notamment une corbeille évoquant celles du pèlerinage à la Mecque qui servent à ramasser les pierres lancées par les pèlerins contre le démon, lors du rituel des stèles de Jamarat. Le lien entre le poème sur le mal originel est très fort : dans le vortex de la sculpture semblant ouvert vers les profondeurs de la terre glissent les versets de la sourate semblant intimement mêlés à des vers de Milton. Poésie de l’occident et rituel de l’orient se rencontrent."


Idris Khan, "The Devil’s Wall" (2011). 
Courtesy of Victoria Miro Gallery, London and Yvon Lambert Gallery, New York.

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"La mort de James Lee Byars", à la galerie Marie-Puck Broodthaers, Bruxelles en 1994; sans doute une des oeuvres les plus emblématiques (et les plus reproduites) de l'exposition Deadline (consacrée à l'œuvre tardive de douze artistes internationaux. Chacun d'eux, conscient de la mort imminente, a intégré dans son travail l'urgence de l'œuvre à achever et le dépassement de soi).
Courtesy galerie Marie-Puck Broodthaers, Bruxelles.
Voir l'article consacré à cette expo en 2009 :  http://acasculpture.blogspot.be/2009/11/deadline-last-minute.html

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Un site qui traite de la mort non sans un certain humour, mêlant des créations de toutes origines sur le site "Wellcome Collection": http://www.wellcomecollection.org/whats-on/exhibitions/death-a-self-portrait.aspx

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 "Modos de Devoción", une exposition de l'artiste vénézuélienne Gaudí Esté : des installations ou les animaux sculptés vigoureusement dans le bois (on peut penser à Marini) se prêtent à des rituels mystérieux... Voir cet article d'où provient cet extrait : http://www.arteenlared.com/archivo/2011/modos-de-devocion-la-escultora-venezolana-gaudi-este-expone-en-el-museo-de-arte-moderno-de-bogota.html
En la muestra “Modos de devoción” que se presenta en el MAMBO, la artista exhibe fundamentalmente piezas de las series “Nagual” y “Devoción” –surgidas entre mediados de la década de 1990 y principios de la de 2000, hasta nuestros días-, las cuales, a juicio de Katherine Chacón, están caracterizadas por un volcamiento ritualista, asociado a veces a la muerte, a la prisión, o al desmembramiento, y apoyadas en su mayoría en una iconografía animal, en donde perros, caballos, caimanes, seres alados y sus hibridaciones, convergen, a veces, conformando conjuntos escultóricos o instalaciones.

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"Batman" ©Ribes Sappa
Adrian Tranquilli, artiste d'origine australienne, aujourd'hui installé à Rome, traite de nos mythologies contemporaines lorsqu'il nous dépeint ("désculpte"...) les failles de nos super héros.

Merci à Lola pour ses liens.