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03 septembre 2010

Edgar Degas, très plastique...

Edgar Degas "Petite danseuse de 14 ans"; coulée entre 1921 et 1931, modèle entre 1865 et 1881.
Statue en bronze avec patine aux diverses colorations, tutu en tulle, ruban de satin rose dans les cheveux, socle en bois. H. 98 ; L. 35,2 ; P. 24,5 cm. Paris, musée d'Orsay© RMN / DR


"Une exposition exceptionnelle de la totalité des 74 sculptures en bronze de l'impressionniste français Edgar Degas, marquées par l'idée du mouvement, a été inaugurée jeudi à Sofia.

Il s'agit de la seule exposition au monde de copies de chacune des 74 figurines, créées d'abord par Degas en cire ou en plastique, puis réalisées en bronze par sa famille après la mort de l'artiste, a annoncé le commissaire américain de l'exposition, Walter Maibaum. Sofia est la troisième escale de cette exposition présentée en novembre à Athènes et en mars à Tel-Aviv, a-t-il précisé. Les sculptures de Degas, avant tout connu en tant que peintre impressionniste, s'attachent aux mouvements du corps, d'où ses nombreuses pièces de danseuses et de chevaux en course. Degas n'avait exposé de son vivant qu'une seule sculpture en cire, la célèbre "Petite danseuse de 14 ans", marquée d'un réalisme inhabituel, qui lui attira alors de virulentes critiques. Ce n'est qu'après sa mort que sa famille découvrit quelque 150 sculptures en cire et en plastique, et fit faire des copies en bronze de 74 d'entre elles, afin de les conserver plus longtemps, a expliqué M. Maibaum. Chacune de ces figurines fut reproduite en 29 exemplaires en moyenne, a-t-il indiqué. Quatre musées dans le monde possèdent la quasi-totalité des sculptures en bronze de Degas, à l'exception d'une ou deux pièces manquantes : le Norton Simon Museum de Pasadena (Etats-Unis), le Musée d'Orsay de Paris, la Glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague et le Musée d'Art de Sao Paulo (Brésil). La collection complète exposée à Sofia jusqu'à fin octobre appartient à une fondation américaine, l'Abraham Center for Visual Art. Les 68 figurines en cire préservées après leur reproduction en bronze sont détenues par la National Gallery of Art à Washington, le Virginia Art Museum et le musée d'art de l'université de Yale aux Etats-Unis, ainsi que par le musée d'Orsay." Dépèche AFP.

Les lecteurs attentifs auront sans doute remarqué un anachronisme dans cet article où est évoqué à deux reprises la réalisation de sculptures en plastique par Degas (1834 - 1917). Il est tout à fait logique que l'artiste ait utilisé de la cire, matériau courant de modelage à cette époque,
par contre le plastique... Certes l'histoire des matières plastiques a connu ses premiers balbutiements à la fin du XIXème siècle, mais ces matières (par exemple le celluloïd, la galalithe, pour les boules de billard) étaient tout sauf modelables!
En réalité, il faut simplement se référer à la dépêche originale qui parle de "...74 sculptures that Degas originally carved out of wax, clay and plastiline and which were later cast in bronze..."
Wax étant la cire, clay la terre glaise et plastiline... la plastiline, sorte de préparation à base d’huiles, de cires minérales et de charges (terre sèche en poudre par exemple).

Pour tout savoir sur la plastiline : http://www.plastiline.fr/index.php

Cette matières est utilisée par les sculpteurs mais aussi par les designers; une des application les plus connue se trouvant chez les créateurs de carrosseries. Voir une firme spécialisée dans ce type de fournitures : http://www.kolb-technology.com/studioline/index.php?content=d_2_3_1



NB : La petite danseuse est datée de 1879-1881(on évoque de premières études en 1865) ; à l'origine en cire peinte, elle était agrémentée de cheveux, chaussons et robe de danse. "A priori ces sculptures n'étaient toutefois pas destinées à être montrées mais permettaient à Degas de fixer le mouvement pour ensuite servir de modèles à ses peintures", dixit wikipedia; diverses interprétations circulent cependant autour du statut de cette oeuvre, alimentées entr'autre par la présence d'un socle - vitrine voulu par Degas.

11 août 2009

Du bon usage de la copie de la sculpture


Sous le titre "La tentation stérile de la reproduction", le quotidien libération nous propose un article de Vincet Noce (31/07/2009) qui nous interpelle à propos du respect de la création de l'artiste. Cet article étant rédigé à propos de l'exposition consacrée à Henri Gaudier-Brzeska par le centre Pompidou, du 24 juin au 14 septembre 2009.http://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Manifs.nsf/AllExpositions/7A9C3180B5C9CA7AC12575CB002BB509?OpenDocument&sessionM=2.2.2&L=1


Nous nous permettons de reproduire cet article intégralement au vu de l'intérêt des questions soulevées et du manque d'information quant à son maintien en ligne. http://www.liberation.fr/culture/0101582914-la-tentation-sterile-de-la-reproduction


En présentant pêle-mêle originaux et copies, le musée national d’Art moderne dénature l’intérêt des œuvres.

L’œuvre riche mais fugace d’Henri Gaudier-Brzeska a survécu par un concours de circonstances. Dépressive, sa compagne finit ses jours dans un asile psychiatrique du Gloucestershire. Celui-ci remit les sculptures et dessins qu’elle avait conservés à la Tate Gallery, en pensant qu’ils pouvaient lui être de quelque utilité.
Quelques années plus tard, un attaché conservateur, Jim Ede, a redécouvert ce fonds oublié dans les réserves du musée. Collectionneur lui-même, Jim Ede consacra sa vie à faire connaître l’œuvre du sculpteur. Dans les années 60, il voulut remédier à son absence en France par une série de dons et de transactions au profit du musée d’Orléans et du musée national d’art moderne (Mnam).
C’est cette collection qu’il nous est donné de voir au centre Pompidou. Malheureusement, rien n’a été fait pour éclaircir une image brouillée. Mort si jeune, Gaudier-Brzeska est devenu un mythe, dont Ede s’est emparé à la suite de Pound. Eloquemment intitulée The Savage Messiah, sa biographie a inspiré un film de Ken Russell, tombé dans l’oubli.
Puriste.
Dans sa passion pour mieux faire reconnaître son «prophète», Jim Ede fit entrer au Mnam toute une série de copies, non sans susciter, du reste, des oppositions au sein du comité d’acquisition. Les sculptures authentiques dans l’exposition se comptent sur les doigts d’une main. Il suffit de regarder Maternité, Samson et Dalilah ou Femme assise pour voir à quel point le sculpteur prenait soin à la taille et au polissage du marbre. Le jeune sculpteur était un puriste. Pourtant, au mépris des principes auxquels il se montrait si farouchement attaché, l’exposition ressemble à un magasin de la reproduction. On y trouve de tout, du légitime au scandaleux : des copies en pierre reconstituée (du béton, qui ressemble à de la pierre) ou en herculite (imitant le plâtre), une tête en bronze amputée de son socle, une fonte posthume dont on ne sait rien sinon qu’elle a été tirée en plus de l’édition originale, des surmoulages en bronze, et même un torse en marbre reproduit dans une hideuse matière plastique.
En d’autres circonstances, la plupart de ces pièces seraient considérées comme des copies, voire des faux. Exposer des tirages en résine ou en bronze réalisés à partir d’une statue en marbre ou en albâtre, c’est trahir l’intention de l’artiste.
Le centre Pompidou s’était déjà livré à cette mauvaise action en exposant des surmoulages de sculptures en fer de Gonzalez, réalisés par sa famille après sa mort.
Informe monticule.Par principe, il est indigne de réaliser des reproductions dans un matériau que l’artiste n’a pas choisi. D’une institution aussi importante, on est en droit d’attendre qu’elle accompagne ces présentations de fonds d’atelier d’une réflexion éthique et scientifique. La légèreté est confondante, quand on lit la justification donnée au changement d’un socle, dont Gaudier avait lui-même découpé les facettes, devenu un informe monticule : «On ne sait pas si Gaudier avait accordé une importance particulière au socle de cette sculpture… Sa forme avait-elle de l’importance pour lui ou n’était-elle qu’un simple support ? On peut supposer que le jeune artiste n’aura pas eu le temps de réfléchir à la question.»
Il est rare de voir un artiste ainsi insulté pour justifier la négligence d’un musée.
Le Monde semble moins dérangé par cet aspect de l'exposition (...La présentation actuelle, dans l'ordre chronologique, bien disposée et abondante en travaux rarement montrés,...) et évoque d'avantage l'aspect biographique : http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/07/27/henri-gaudier-brzeska-enfin-prophete-en-france_1223145_3246.html
Pour en savoir (un peu) plus sur l'artiste :