12 janvier 2014

Du spirituel dans l'art...contemporain : Anselm Kiefer

Anselm Kiefer, connu pour son travail hanté par l'holocauste, convoque fréquemment les textes de la Torah, de la Bible ainsi que les textes de la Kabbale. Soit en inscrivant directement des fragments de texte sur ses peintures ou sculptures, soit au travers de constructions poétiques et imaginaires. (Aperiatur Terra en 2007 reprenant un extrait d’un verset d’Esaïe 45 "Que la terre s’ouvre", ou l'installation "Palmsonntag - Dimanche des rameaux", 2006 évoquant la fête chrétienne; œuvres toutes deux présentées à Monumenta au Grand Palais).

Anselm Kiefer, "Chevirat Hakelim (Le bris des vases)" (2007); plomb, verre. 
"Chute d’Étoiles" Monumenta.
 
Une autre particularité remarquable de l'artiste étant l'emploi de matériaux à "fort potentiel sémantique" : sable, terre, feuilles de plomb, suie, salive, craie, cheveux, cendre, matériaux de ruine et de rebut... sperme. Il est connu pour avoir récupéré le plomb du toit de la Cathédrale de Cologne lors de sa réfection qu'il a abondamment réutilisé dans son œuvre (les livres entre autres). Cette relation "spirituelle" au matériau le rapprochant de son ainé Joseph Beuys qui employa notamment le miel, le feutre et la graisse (voir plus loin).
"Nous (moi et Beuys) avons une même conception de la matière qui est une enveloppe contenant l’esprit qu’il faut découvrir. Ainsi, chaque plante a un correspondant dans les étoiles, cela lie le macrocosme au microcosme. Nous dépendons du cosmos. Tous nos éléments sont arrivés par des poussières et des météorites."
Interview de Guy Duplat en 2010 dans La Libre.


Anselm Kiefer, "Palmsonntag" (2007); 44 éléments en technique mixte sur panneau, palmier en résine stratifiée, 
briques de terre et support en acier; dimension variable.   
©2010 Anselm Kiefer. Courtesy of the Gagosian Gallery. Photograph © Joshua White


Vous avez exploré le thème de la kabbale, avec le même acharnement que celui de la germanité. Pourquoi cette fascination pour le judaïsme?
Comme je vous l'ai dit, j'ai été élevé dans le catholicisme. J'ai été enfant de choeur et je pourrais encore réciter la messe en latin. Le judaïsme, qui est à l'origine du catholicisme, est donc ma culture. Mais c'est aussi une partie de la culture dont l'Allemagne nazie s'est amputée. C'est la raison pour laquelle je m'y intéresse particulièrement. J'ai découvert que la mystique judaïque était plus riche, plus ouverte, moins dogmatique que le catholicisme. Je m'y suis tellement investi que je la connais parfois mieux que les juifs eux-mêmes. En 1990, j'ai été invité par Itzhak Rabbin à venir faire un discours à la Knesset. J'aurai prochainement une exposition en Israël, à l'occasion de l'inauguration de l'extension du musée de Tel-Aviv.
Extrait d'une interview de l'artiste donnée à l'Express en 2011.
L'artiste s'était il y a quelques années installé à Barjac, "œuvre d’art total et utopique"; lieux qu'il a quittés pour rejoindre Paris dans un ancien entrepôt de La Samaritaine; lire linterview de Guy Duplat en 2010 pour La Libre : "L’atelier XXL d’Anselm Kiefer".


Pour l'anecdote, un article de 2008 qui vaut son pesant d'or : "L'atelier d'Anselm Kiefer cambriolé"