Une longue crevasse zigzague à travers le sol en béton du Tate Modern: Shibboleth, une nouvelle installation conçue par l'artiste colombienne Doris Salcedo pour le vaste Turbine Hall du musée londonien a été dévoilée hier au public.Cette «sculpture souterraine» qui veut provoquer un questionnement sur les divisions de la société et le racisme est déjà parvenue à diviser les premiers visiteurs. «Shibboleth est un espace négatif. Il évoque le trou de l'Histoire qui marque la différence sans fond qui sépare les blancs des non-blancs», a indiqué l'artiste, qui vit à Bogotá, lors de la présentation de son oeuvre. La crevasse de 167 mètres a été creusée en cinq semaines dans le sol en béton du musée, une ancienne centrale thermique reconvertie, a indiqué Nicholas Serota, le directeur du Tate à la presse. La crevasse devrait être comblée en avril prochain mais une cicatrice restera sur le sol du musée, a-t-il précisé. Doris Salcedo a indiqué ne pas s'attendre à ce que son installation rencontre un succès populaire immédiat. Cette oeuvre «demande du temps. Nous avons tous tendance à regarder vers le haut, et elle exige que le spectateur regarde vers le bas», a-t-elle souligné.
Agence Reuters
Cette artiste avait également réalisé une installation remarquée à l'occasion de la biennale d'Istambul en 2003