"Clément Bagot définit volontiers ses œuvres (qu’il s’agisse des volumes ou des dessins) comme des « paysages mentaux ». Ses dessins apparaissent comme une cartographie cellulaire, dense, dotée de stratifications et librement rythmée à la manière d’un set de jazz.
Ses sculptures – constructions de tailles variées évoquant des vaisseaux spatiaux, des villes de science-fiction ou des arches revenues du futur – se bâtissent sur le mode de la prolifération modulaire. Partant de quelques éléments architecturaux qu’il commence par assembler entre eux (éléments souvent mis au point par l’artiste avant même de savoir comment ils seront intégrés à l’œuvre), l’artiste construit ses maquettes de proche en proche, au gré des propositions de son imagination. Parmi ses réalisations actuelles, on distingue essentiellement deux types. Il y a celles qui se bâtissent à la manière d’échafaudages mâtinés de carcasses de cétacés, comme dans L’Étalon (2010), pièce imposante de 3 mètres de longueur. Il y a aussi celles qui prennent la forme d’une coque (vaisseau spatial ou grotte), ainsi la récente Ovum, tel un astéroïde en suspension. A chaque fois, on note la délicatesse des pièces utilisées qui définissent autant de cellules en cours de démultiplication, et les formes issues d’une science-fiction high-tech non dépourvues de traits anthropomorphiques. En réalité, aucun des éléments utilisés n’est réellement identifiable. Tout se passe dans la suggestion de formes, et la perception du spectateur évolue en fonction des références qui l’habitent. On verra dans les maquettes un monde à la Schuiten et Peeters, une arche de Noé du futur, un engin aérien sorti de Star Wars ou bien encore un monde souterrain construit par des bâtisseurs lilliputiens. Pour réaliser ses sculptures, l’artiste détourne de leur usage premier toutes sortes d’éléments. Dans son atelier on remarque les cartons qui recèlent les mystérieuses réserves de ses matériaux. Sur sa table de travail, scalpels et spatules de quelques millimètres de large rappellent la précision extrême du travail. Mais on sait aussi que l’artiste – à la fois maître d’œuvre, maître d’ouvrage et ouvrier - fait appel à des techniques plus lourdes (menuiserie, électricité, thermoformage)."
Extrait d'un texte de Anne Malherbe, figurant dans le dossier de presse de la galerie.
L'exposition "Entrée en matière" est ouverte du 24 avril au 5 juin 2010 à la Galerie Eric Dupont , 13, rue Chapon, Paris. (Photos de la galerie).
Voir absolument le site de l'artiste, avec les spectaculaires photos de ses autres sculptures, maquettes, installations et dessins : http://clementbagot.com/